By Dominique Hunka Gely
La contraception, voilà encore un sujet qui divise entre les « pro-médical » et les « pro-naturel » qui, soyons honnête, ont bien du mal à faire entendre leur point de vue.
Pourtant la contraception est avant tout un choix pour soi, sur la façon de gérer ses cycles et sa fertilité, une opportunité d’apprendre à mieux connaitre son fonctionnement hormonal et, dans un couple, un choix partagé pour une vie sexuelle harmonieuse.
Mais donne-t-on vraiment l’opportunité aux femmes de choisir le moyen de contraception qui leur conviennent le mieux en toute connaissance de cause ?
- Quelles propositions ?
- Quels enseignements sur le déroulement des cycles ?
- Quelles informations sur les éventuels effets indésirables et la balance avantages / inconvénients de chaque solution ?
Il serait trop long de développer tous ses sujets dans un seul article.
Pour l’heure, je vous propose de faire un état des lieux de comment est traité le sujet de la contraception et des différentes catégories de contraceptifs existants…
… Histoire de s’y retrouver un peu !
État des lieux …
Le 1er constat est que, en France, la contraception est encore principalement une affaire de femme dans le sens où c’est à elle seule d’en assumer la charge.
Le but étant d’éviter une grossesse non désirée, il est souvent considéré comme normal que la femme endosse cette responsabilité seule, quelques soient les conséquences pour sa santé. Pourtant il faut bien être deux pour concevoir…
Ce 1er constat n’est pas anodin car il pèse dans le choix du moyen employé. Décision, là encore souvent prise seule.
Combien de couple prennent Rdv chez un(e) gynécologue pour discuter des moyens de contraception envisageables afin de faire un choix éclairé et responsable ?
En effet, cette démarche est loin d’être courante, pour ne pas dire très rare…
En France, quelles pratiques ?
Selon l’INED (Institut National d’Etudes Démographiques) le moyen de contraception le plus utilisé reste la pilule, même si un recul est observé depuis les années 2000 à la suite des polémiques sur les pilules de 3ème génération.
La pilule seule concerne tout de même 41% des femmes de 15 – 49 ans avec un taux de plus de 50% chez les 15-24 ans.
Au-delà des pourcentages, ce qui attire l’attention c’est l’âge de plus en plus jeune à laquelle la pilule est donnée. Je suis toujours stupéfaite de voir des jeunes filles encore adolescentes prendre la pilule dès 15 ans, alors que leurs ménarches ne datent que de 2 ou 3 ans.
Moyen souvent employé pour enrayer de façon très symptomatique des problèmes d’acné ou de douleurs de règles sans chercher plus avant les causes.
Pourtant des solutions naturelles existent permettant de rééquilibrer le terrain durablement et d’avoir un début de vie de cycle bien plus harmonieux. La pilule si jeune masque les problèmes qui resurgiront plus tard sous une forme ou une autre à l’arrêt de cette même pilule.
J’y reviendrai dans d’autres articles…
Après la pilule, les moyens les plus employés sont essentiellement hormonaux (Implant, patch, anneau vaginal), ensuite le DIU (dispositif intra utérin) hormonal ou cuivre et enfin le préservatif masculin.
La méthode définitive de stérilisation, aussi bien féminine que masculine, est beaucoup plus anecdotique en France, il faut dire que les conditions requises sont assez décourageantes.
Ainsi les solutions hormonales sont largement plébiscitées. Elles sont aussi les plus mises en avant par le monde médical (gynécologues ou médecins généralistes).
Entre fiabilité et santé ?
La fiabilité est bien souvent l’argument mis en avant pour justifier le choix d’un moyen de contraception.
Même si aucun moyen n’est 100% fiable, sur quels critères se baser pour mesurer la fiabilité d’une méthode contraceptive ?
Cette fiabilité est appréciée selon un indice appelé « Indice de PEARL », créé en 1933 par un Scientifique américain Raymond Pearl. Il fait référence dans le monde scientifique et est reconnu par l’OMS.
Il détermine le nombre de grossesse non planifiée pour un an d’utilisation d’une méthode analysée.
Cet indice compare deux niveaux d’efficacité :
- Celle dite « théorique » : en utilisation parfaite (sans oubli ni erreur)
- Celle dite « pratique » : en utilisation réelle dans la vie de tous les jours, incluant les marges d’oubli et/ou défauts d’utilisation.
Ainsi un indice de PEARL de 2% signifie que 2 femmes sur 100 utilisant une méthode analysée pendant un an ont eu une grossesse non planifiée.
Il permet aussi de lever quelques idées reçues, en particulier au sujet des méthodes naturelles, comme nous le verrons plus loin.
En revanche, là encore, seul le risque de grossesse est considéré. Aucune information quant à la tolérance, praticité ou éventuels effets indésirables des moyens de contraception.
Pourtant ses « aspects santé » mériteraient plus d’attention.
Tous les moyens de contraception ne conviennent pas à toutes les femmes ni situations personnelles.
Certaines sont contraintes d’en changer régulièrement par trop d’inconforts jusqu’à ne plus savoir lequel adopter, et souvent se retrouve bien seule face à une telle situation. D’autant plus quand elles n’ont pas le soutien et l’implication du conjoint.
Tour d’horizon des moyens de contraception…
Il existe de nombreux moyens de contraception avec des niveaux de fiabilité variable.
En voici une synthèse présentée par catégorie, sans rentrer dans le détail des noms ou marques de produits. Le but n’est pas de faire un catalogue…
Les contraceptifs hormonaux à prise régulière …
Il s’agit principalement des pilules qui bloquent l’ovulation.
Elles sont de 2 types :
- Oestroprogestatives (contenant à la fois des œstrogènes et de la progestérone de synthèse) qui provoquent des saignements de privation et non de vraies règles vu qu’il n’y a pas d’ovulation.
- Progestatives ne provoquant que peu voire pas de saignement du tout.
Elles sont prises quotidiennement, en continue ou 3 semaines sur 4.
Dans la même catégorie, on trouve 2 dispositifs oestroprogestatifs :
- Le patch hormonal à changer chaque semaine, 3 semaines sur 4
- L’anneau vaginal à poser dans le vagin, lui aussi pour une durée de 3 semaines et à renouveler.
L’indice de PEARL* pour ces contraceptifs (tous confondus) est de 0.3% en théorique et 7% en pratique.
Les LARC (Long Action Contraception) …
Sont appelés ainsi les dispositifs posés pour une durée de 3 à 5 ans en général.
On y trouve …
- Le SIU (Système Intra Utérin) appelé aussi stérilet hormonal ou DIU Levonorgestrel (délivre de la progestérone seule) est posé pour 5 ans.
L’indice de PEARL* est de 0.5% en théorique et 0.7% en pratique. - L’Implant (petit bâton posé dans le bras en sous cutané) est également un progestatif d’une durée de 3 ans.
L’indice de PEARL* est de 0.1% aussi bien en théorique qu’en pratique.
Avec ces deux procédés les saignements sont très faibles voire inexistant. Cependant chez certaines femmes l’implan entraine des petits saignements réguliers.
- Les injections intra-musculaires, de fortes doses de progestérones pour une durée de 3 mois.
Ce procédé est beaucoup plus déséquilibrant pour l’organisme et ne peut pas être utilisé plus de 2 ans.
Son indice de PEARL* est de 0.2% en théorique et de 4% en pratique.
Au-delà de la fiabilité, certaines femmes choisissent certains de ces contraceptifs pour justement ne plus avoir de « règles » (disons plutôt saignement, c’est plus juste !) et être « enfin tranquille ».
Cependant cela ne les met pas à l’abri des autres inconforts possibles comme : la baisse de moral ou état dépressif, la baisse de libido, la prise de poids, les troubles circulatoires, la sécheresse vaginal…
D’où l’importance d’être bien à l’écoute de son corps et de ses ressentis car toutes ces manifestations peuvent s’installer insidieusement au fil du temps et trop souvent être mises sur le compte de la fatigue ou du rythme de vie intense.
Pour finir avec les LARC …
- Le DIU en cuivre (ou stérilet cuivre), dispositif non hormonal posé pour 5 ans.
Son principal inconvénient est l’intensité des saignements pouvant être très abondants et entrainer des carences en Fer. Certaines femmes l’abandonnent justement pour cette raison.
L’indice de PEARL* est de 0.6% en théorie et 0.8% en pratique.
La limite des dispositifs intra utérin (hormonal ou non) est leur tolérance. Toutes les femmes ne les supportent pas bien : gêne lors des rapports, douleurs bien au-delà de la période dites « d’adaptation ».
Un moyen de contraception n’a pas pour vocation de faire souffrir, donc l’argument de « c’est normal il faut vous y habitué ! » … quelques jours peut-être, des semaines voire des mois, est-ce bien normal ?
D’ailleurs le cycle menstruel naturel ne devrait pas plus être douloureux. Vaste débat …
Les méthodes dites « Barrière » …
Comme leur nom l’indique il s’agit de tous les dispositifs qui font barrière aux spermatozoïdes soit en les empêchant de remonter vers les trompes utérines, soit en les détruisant.
Le plus utilisé …
- Le Préservatif masculin
Sa fiabilité dépend essentiellement de sa bonne utilisation ou non : taille adaptée, type de matériaux, éviter les lubrifiant huileux.
L’indice de PEARL* est de 2% en théorique et 13% en pratique. Mieux vaut se faire conseiller au début.
Il existe aussi …
- Le Préservatif interne féminin …
Se place à l’intérieur du vagin, il est moins efficace avec un indice de PEARL* de 5% en théorique et de 21% en pratique.
Dans le même esprit, 2 autres dispositifs :
- Le Diaphragme …
Coupe en silicone à mettre au fond du vagin. Il s’utilise toujours avec un spermicide en complément.
Il existe en différente taille, il est donc important de se faire conseiller par une sage-femme pour choisir la taille appropriée à sa morphologie.
La fiabilité est variable selon les sources. Pour l’OMS elle est de 16% en théorique et de 17% en pratique. Mieux vaut être prudent.
- La Cape cervicale …
Elle se place sur le col de l’utérus toujours en utilisant un spermicide en complément.
Là encore, elle existe en trois tailles, donc comme le précédent se faire conseiller pour choisir la plus adaptée.
L’indice de PEARL* est variable selon la situation des femmes :- De 9% à 26% pour celles n’ayant jamais eu de grossesse
- De 26% à 32% pour celles ayant eu au moins une grossesse.
Et enfin …
- Les Spermicides (crèmes, gels, éponges…)
Les produits qu’ils contiennent détruisent les spermatozoïdes avec une durée d’action de 3 à 4 heures en moyenne (éponge environ 24h et crème jusque 10h).
Les chiffres sur l’efficacité sont moins éloquents du côté de l’OMS que du côté des laboratoires…
Pour l’OMS, l’indice de PEARL* est de 16% en théorique et de 21% en pratique.
A noter que meilleure est la fertilité (sperme plus abondant et fertile) et moins bonne est l’efficacité. Ainsi l’efficacité chez les jeunes est moins bonne que chez les couples de plus de 40 ans.
Et du côté des hommes … ?
Vous noterez que parmi tous les moyens de contraception abordés jusqu’alors, à part le préservatif, il a été peu question de méthodes spécifiquement masculines.
Et pour cause, comme je le disais au début, la contraception est avant tout à la charge des femmes. La recherche y a bien contribué en orientant principalement ses investigations dans des solutions pour les femmes.
Et pourtant, des méthodes pour les hommes existent ou du moins ont été expérimentées ou sont encore à l’étude depuis déjà pas mal d’années… avec quelle volonté de vraiment aboutir, on peut se poser la question ?
La contraception hormonale masculine en est un bel exemple !
A l’étude depuis plus de 20 ans, la pilule pour les hommes semble plus difficile à mettre au point que la pilule pour les femmes, les effets indésirables étant aussi bien mieux considérés.
A propos, je vous renvoie au merveilleux livre de Sabrina Debusquat – « J’arrête la pilule » – qui expose (entre autres !) la genèse de la pilule et son histoire…
A défaut de pilule pour les hommes, il a été mis au point des injections intramusculaire de testostérone (reconnues par l’OMS) à réaliser une fois par semaine. Cette méthode efficace présente néanmoins beaucoup de contraintes et son utilisation est limitée dans le temps à une durée maximale de 18 mois.
Un gel transdermique (combinaison de progestérone et testostérone) à appliquer quotidiennement pour être utiliser comme contraceptif masculin est également à l’étude.
Dans les solutions non hormonales, les méthodes thermiques …
Le principe consiste à maintenir les testicules au chaud pour inactiver les spermatozoïdes.
Le Dr Mieusset (Hôpital Paul de Viguier à Toulouse) s’est intéressé à ce principe dès les années 80 et a mis au point le « slip chauffant » (pour la petite histoire appelé au début « remonte couilles toulousain » !).
Les résultats sont concluants avec une seule grossesse non planifiée (pour sous-vêtement mal porté) sur 50 couples suivis.
La condition est de le porter 15 heures par jour, tous les jours et une durée de 2 à 4 mois est nécessaire pour atteindre le niveau d’infertilité requis.
Ce moyen est réversible, la fertilité retrouve son niveau optimum à partir de 3 mois d’arrêt du port du slip.
Voici donc un moyen non invasif, sans effet indésirable et sans nuire à la fertilité en cas de désir de concevoir. Dommage qu’il ne soit pas plus mis en avant par le monde médical. Et pourtant ça marche… (un témoignage intéressant à lire !)
Dans le même esprit, l’anneau chauffant (Andro switch crée par Maxime Labrit – voir thoreme.com) permet de maintenir les testicules proches du corps et ainsi d’en augmenter la température. Ce dispositif est actuellement encours de validation administrative …
Enfin, plus radicale, la vasectomie …
Contrairement aux Royaumes Unis ou au Canada où près de 20% des hommes y ont recours, cette technique est encore très peu proposée en France (1% seulement) aussi par manque d’informations et de médecins formés à cette pratique.
Cependant peu à peu, les tabous sur le sujet s’effritent, les esprits s’ouvrent et les demandes des hommes sont en augmentation pour s’engager dans cette démarche.
Après une entrevue sur les motivations et la situation de la personne, un délai de 4 mois de réflexion est observé avant l’opération, comme pour la ligature des trompes chez la femme.
Bien que considérée comme définitive, il est possible (mais pas garanti) de retrouver sa fertilité.
Ce moyen est un des plus efficace avec un indice de PEARL* de 0.1% en théorique et 0.15% en pratique.
Que penser des méthodes naturelles … ?
Elles sont de loin les plus décriées comme trop empiriques, trop imprécises, à l’origine de trop nombreuses grossesses non désirées.
Oui mais … là encore de quoi parle-t-on ?
Car comme souvent pour les approches naturelles, l’amalgame est de mise entre les méthodes basées sur un seul indice (Billings, Creigthon, Jours fixes, technique du retrait…) et la méthode des indices combinées comme la symptothermie dont la fiabilité est bien différente.
Les indices de PEARL* parlent d’eux même …
- Technique du retrait : 4% en théorique et 20% en pratique
- Méthodes des jours fixes : 5% en théorique et 12% e pratique
- Méthode Billings : 3% en théorique et 23% en pratique
- Symptothermie : < 1% en théorique et 2% en pratique.
Vous noterez d’ailleurs que la symptothermie a un niveau de fiabilité même supérieur à celui de la pilule dont l’indice de PEARL* en pratique est de 7%.
Alors, en toute objectivité, peut-on encore parler de méthode de contraception peu sure et non efficace de cette méthode naturelle ?
Certes, elle est encore « mal connue » en France et pour cause, le monde médical préfère l’ignorer que de s’y intéresser vraiment …
Pourtant, elle mérite d’être largement exposée car au delà de sa fiabilité, elle respecte totalement la physiologie de la femme.
Alors pourquoi ne pas l’enseigner aux jeunes filles au début de leur vie de cycle ?